Mon témoignage de ce que je pense être mon pire taf de merde :
J'ai bossé à peu près un an et demi en imprimerie.
Pas du genre La Pléiade, plutôt de la pub pour boîte-à-lettre ou du magasine people.
Première fois que j'étais en équipe, en 4x8.
Je ne connaissais pas, je les ai vite maudit tellement j'étais jetlagué après un cycle.
Genre, la nuit en été. Tu va au boulot il fait jour, tu sors du boulot il fait jour.
Devenu maboule.
Le même geste pendant 8 heures d'affilées.
Celui bien épuré et répétitif, qui t'empêches de pouvoir penser à autre chose pour t'évader, parce que tu dois te concentrer sur la ligne.
Évidemment, c'est pas un geste sain. Tu te penches, tu te baisses mais jamais en pouvant le faire "sainement".
C'est pas à l'usine que je pouvais me faire un boule de folie en squattant sur mes palettes de calendriers oberthur.
C'était même plutôt l'inverse : je me suis niqué le dos à la place...
Et cette sensation d'avoir les mains crispées d'avoir manipulé des paquets toute une journée, ça me poursuivait jusque dans mon lit.
Tendinite et compagnie.
Une rotative qui tourne fait un truc comme 90 décibels, donc bouchons toute la journée.
Comme ils filtrent plutôt les sons graves, les gens prennent l'habitude de te siffler. Je comprends mais j'ai pas aimé.
Les conducteurs font tourner leur machine aussi vite qu'ils le peuvent, sans considération pour les receveurs qui doivent s'adapter au rythme. Pareil, je comprends mais j'ai pas aimé.
Le plus révoltant d'un point de vu écologique, c'est quand ils ont un client exigeant dans la cabine : il chipote sur chaque moirage, chaque ton de couleur... Et pendant ce temps-là, la rotative tourne à fond, envoyant direct à la benne des centaines de kilos de papier imprimé. Et ce, tant le client n'est pas satisfait.
Et je parle même pas du fait de gérer le changement de bennes à la force des bras pendant les conducteurs continuent de bombarder.
Pas de pauses.
Vous avez bien lu : Pas - De - Pause.
Je veux dire que tu n'as pas une pause d'une 1/2 heure pour manger en même temps que tout le monde, ambiance et tout.
Tu te débrouilles à ton poste.
Les pauses, c'étaient genre entre 2 jobs, "vas-y prend 10 minutes mais traîne pas".
Donc tu ménages ta bouffe, en mode tu te retiens parce que tu sais que c'est un des seuls moments un peu agréable de la journée.
C'est là-bas que j'ai compris Gainsbourg : j'allumais la 2ème clope de ma pause de 5 minutes avec le mégot de la 1ère. Et je me cramais la gueule : une taffe trop chaude, une gorgée brûlante, une taffe trop chaude, une gorgée brûlante......
En été, comme il y a une baisse d'activité, on en profite pour nettoyer les machines.
Ils appellent ça "la Gratte".
Et putain, tu grattes ouais.
Tu mets une combi-capuche, des gants, des lunettes et un masque.
Tu prends de l'essence et d'autres solvants vénères.
Une spatule, un grattoir, toussa.
Et roulez jeunesse !
Tu crèves de chaud toute la journée, tu baignes dans les vapeurs, tes gants se dissolvent sur tes mains.
Un jour, j'avais mal mis la capuche. J'ai pris des projections de différents trucs sur le front.
Maintenant je dois faire attention à mon exposition au soleil parce que ça me fait des tâches brunes. Ma faute je dirais.
Ah !
Je me remémore cette journée pendant laquelle j'ai rempli les encres à la main et au seau, avec des machines qui ont des "blocs" d'impression sur 2 étages.
Bah oui, l'alimentation en encre est HS, doit-on s'arrêter ?
Non ! On prend un type qui fait tout à l'ancienne.
C'est aussi le seul boulot où j'ai "dénoncé" quelqu'un !! O_O' :
On doit bosser à 2 toute la nuit sur un taf bien chiant : la machine va vite et les couvertures sont vernies, donc ça glisse dans la main et sur la palette.
Le gars fait un peu de la merde. Pas grave, c'est sa première fois ^^
Je lui explique quelques subtilités, il commence à vouloir discuter. Lol ! (Je rappelle qu'autour de nous il y a 4 rotatives qui tournent à fond les ballons)
Il me raconte qu'il sort de l'apéro et qu'il va me payer une bière à la pause.
Sympa mais je lui explique qu'il n'y a pas vraiment de pause... Il tombe des nues.
Le mec continue faire de la merde et à vouloir me parler.
Il se rapproche de plus en plus. Je ne peux plus ignorer son haleine chargée.
J'ai fini par appeler le chef.
Je lui explique, il me remplace 5 minutes.
De loin je l'ai vu parler au mec, lui montrer son sac puis la sortie.
En vrai, je ne regrette pas mon choix :
Le boulot doit être bien fait et il n'en est pas capable. Et SURTOUT c'est dangereux pour lui, un doigt qui part dans un ruban et hop, urgence !
En vrai, j'ai un peu regretté parce que j'ai dû me taper la nuit tout seul au poste. Mais c'était "le moins pire" à faire...
Voilà mes 3 sous et mon pavé d'expérience dans le domaine.
Et je parle pas du boulot de bobinier, c'était pas le pire mais je n'arrivais pas à suivre le rythme :(
Bien à vous <3
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